Max était extrêmement fatigué. Il avait atteint ses limites en résistant à la maladie qui l’avait terrassé. Après plus de trente-neuf de fièvre pendant quinze jours, il avait fini sur les rotules. Son esprit, habituellement brillant (selon lui en tout cas), était passé en mode « off ». Il arrivait tout juste à se concentrer pour manger, boire (de l’eau), aller aux toilettes, se vautrer dans le canapé et aller se coucher. Tout le reste était totalement inabordable, beaucoup trop compliqué, et demandait une énergie qu’il n’avait plus.
Il avait tout de même des instants de clarté. Son esprit redevenait alerte et attentif. Il pouvait à nouveau se concentrer. Bon, sur une seule chose à la fois, ce qui pouvait poser des problèmes pratiques. Par exemple, pendant qu’il regardait une série, un voleur aurait très bien pu entrer dans son appartement, prendre ce qu’il voulait (sauf l’écran de télévision, le canapé et son ordinateur) et repartir par où il était venu. Ou alors, son voisin aurait pu jouer de la cornemuse en toute quiétude.
Son attention était limitée au strict minimum.
Alors qu’avant, Max pouvait être attentif à plusieurs évènements à la fois, passant de l’un à l’autre sans difficulté. Se vider le cerveau de la réunion précédente, faire une pause rapide (pour revenir à la réalité), se préparer mentalement au meeting suivant, et ainsi de suite. Il pouvait être sur le qui-vive pour traiter et enregistrer les attitudes, les intonations, les phrases, les idées de tous les autres participants. Et se regarder de loin interagir (pour essayer de se contrôler) tout en parlant lui-même. Il était dedans à cent pour cent. Bien sûr, il était du coup aveugle à tout ce qu’il avait choisi de ne pas voir, c’est-à-dire tout ce qui ne faisait pas partie de la réunion en question.
Vous connaissez le fameux exemple du comptage de passes par l’équipe des blancs ?
Alors, combien d’échanges avez-vous comptés ? La réponse est : le gorille est passé par là ! Si vous ne l’avez pas vu du premier coup, regardez à nouveau la vidéo. Et si vous ne l’avez toujours pas remarqué au troisième essai, tant pis. C’est que vous êtes « bloqué » mentalement, refusant d’accepter une autre réalité que ce qui est attendu, normal.
En réunion, Max était comme ça, incapable de voir le grand singe, ce qui réduisait grandement sa capacité à prendre en considération les innovations ou à sortir du cadre.
Dans son état actuel, il aurait été bien inapte à compter les passes. Alors, ne parlons même pas du gorille !
Il était dans l’impossibilité de s’impliquer dans quoi que ce soit. Tout lui paraissait lointain, en dehors de lui. Sauf pendant ses périodes (courtes, certes) de lucidité.
Quand cela commença à aller un peu mieux (à peine trente-huit le matin), Max décida d’apprendre le judo. Il avait hésité avec le golf, le tennis et la danse. Dans son appartement, envoyer des balles sur les murs ne lui avait pas semblé raisonnable. La danse le gênait, il n’était pas assez à l’aise avec son corps pour le laisser s’exprimer sans retenue. Et puis, le judo, c’était un vrai sport et pourrait toujours être utile par la suite en cas de conflit. Il trouva des séances en s’inscrivant au club d’Acquigny. Il découvrit ainsi le taïso (approche douce des arts martiaux sans aucun danger : pas de chute, pas de coup porté). En pratique, c’était des exercices physiques assez simples pour se maintenir en forme. Cela lui allait très bien.
Il suffisait de suivre le direct sur la page Facebook du club. Ils étaient une trentaine à faire ce qui disait le maître. Ce qui lui faisait trois cours par semaine.
Max voulait progresser plus vite et il réussit à dénicher d’autres sessions dans diverses associations. Il se retrouva ainsi inscrit dans cinq dojos virtuels (il lui avait suffi de donner des identités adaptées à chaque fois). Il faisait un entrainement tous les matins et un tous les après-midis. Avoir autant de professeurs chacun avec son style et sa personnalité lui permit de se perfectionner très vite.
Max était concerné et impliqué.
(Vous connaissez la différence entre les deux ? Quand on fait une omelette aux lardons, cela suppose qu’il y a eu une poule pour pondre les œufs et un cochon pour qu’on puisse faire du lard. À l’arrivée, une fois l’omelette achevée, les modalités de « participation » de ces deux animaux, et partant, leurs sorts respectifs, sont bien distincts : La poule est concernée par le projet… en ceci que ses œufs ont contribué activement à son succès, y prenant même une très large part. Le cochon, quant à lui, s’est retrouvé complètement impliqué).
Il se donnait à fond dans cet apprentissage (perdant un kilo par semaine, il pouvait tenir deux mois à ce rythme), allant sur des sites pour regarder au ralenti la théorie, faisant des prises à son ours en peluche (la bête faisait un mètre soixante de haut et trente kilos, il était allé la rechercher à la cave pour l’occasion) et en rêvant même la nuit. Son salon était devenu son espace d’entrainement, il avait entassé ses trois tapis les uns sur les autres pour se faire moins mal sur les chutes, un tatami bien épais en quelque sorte.
Max finit par guérir et retrouver toutes ses capacités physiques et surtout intellectuelles. Il se sentait léger (il avait maigri), perspicace et subtil. Il décida d’aller plus loin et de se confronter à la réalité. Il trouva un professeur de judo (et de boxe française) qui accepta de venir chez lui (avec, pour chacun d’entre eux, un masque lavable, des gants jetables, un kimono à récurer après chaque séance) contre une rémunération conséquente de soixante euros de l’heure (plus remboursement des amendes si ce dernier se faisait attraper par les forces de l’ordre pendant ses déplacements difficilement justifiables).
La devise Shadok était merveilleusement adaptée à sa condition : « En essayant continuellement, on finit par réussir. Donc : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »
Max poursuivit sur le même rythme : un cours d’une heure et demie à dix heures et un autre d’une heure à seize heures. Il était déchaîné. Plus il se faisait mal, plus il était content (« C’est le métier qui rentre, petit »). Il réussissait parfois des prises ce qui le rendait fou de joie.
Son éducateur avait une méthode redoutable : une fois tai-otoshi (bras et épaules) appris, le refaire cinq fois par jour, idem pour ushiro-goshi (mouvement de hanche) et pour o-soto-otoshi (jambes) et enfin pour yoko-shio-gatame (immobilisation). Il adorait cette dernière, se trouvant invincible à chaque fois qu’il bloquait son enseignant. Et une fois que cela était bien rentré, il passait à cinq fois par semaine. Son ours en peluche avait explosé sous la pression des combats. Max s’en était commandé trois autres pour continuer à pratiquer en dehors des leçons officielles.
Il finit par arriver au premier Kyu (ceinture marron) avec un nombre de bleus et de bosses impressionnants. Il perdit encore quelques kilos (peu en fait, sa graisse se transformant en muscle) ce qui n’était pas du tout son objectif, juste un effet collatéral.
Toutes les bonnes choses ont une fin. L’autorisation de sortie de chez soi finit par arriver. Max retrouva son travail, les apéros avec les copains, les repas à la va-vite et les sorties en boite de nuit du samedi soir pour trouver l’âme sœur.
Il continuait quand même ses cours particuliers de judo avec son professeur (à un coût beaucoup plus raisonnable de trente euros de l’heure et sans pénalité potentielle) tous les lundis, mardis et jeudis à dix-neuf heures. C’était amusant de le voir sans masque et sans gant.
Ils travaillaient sur la répétition : comment rendre automatique l’enchainement des mouvements, pour qu’il puisse se concentrer sur son adversaire et ainsi choisir de lancer une attaque ou une défense adaptée. Jusqu’ici ses prises requéraient toute son attention. Elles étaient sous le contrôle du cortex préfrontal. Il fallait les réaliser lentement, consciemment en maitrisant chaque mouvement. En les reproduisant à l’infini, tout effort finit par disparaitre. Il décidait et son corps agissait tout seul. L’activité motrice s’était transférée dans le cortex moteur et les noyaux gris centraux (groupe de circuits sous-corticaux qui enregistrent nos comportements automatiques et routiniers).
Avec un sommeil réparateur entre chaque session, son cerveau faisait le ménage, conservait ce qui était efficace et jetait à la poubelle les errements.
Max se retrouva capable d’accomplir une quinzaine d’enchainements sans réfléchir. Il est content de lui, il était devenu une machine de guerre (pas si dangereuse que ça, heureusement).
Un après-midi, alors qu’il allait d’une réunion à l’autre dans un couloir, son chef voulut lui taper amicalement sur l’épaule alors qu’il arrivait derrière lui, pour lui faire une surprise.
Par réflexe, Max l’envoya valdinguer quelques mètres plus loin dans un mur avec une épaule démise et une fracture du tibia – péroné, plus des contusions à la mâchoire.
Son chef lui pardonna après que les ressources humaines lui aient collé une semaine de mise à pied, sans solde. Ses collègues commencèrent à se méfier de lui. Ce qui était parfaitement compréhensible.
Quinze jours plus tard, en boite de nuit, un ami se jeta sur lui en mode « C’est la fête, faisons un chahut ». Il lui fractura l’humérus et deux côtes flottantes, plus un écrasement du nez en passant. Ses relations décidèrent, sans avoir besoin de s’en parler, de l’éviter.
La machine de guerre prenait le contrôle. Ce n’était pas du tout ce que Max attendait. Au départ, il était gentil, calme, trop traditionnel, pas assez extravagant, et pas du tout violent. Il ne voulait pas être un genre de Daredevil ou de Captain America. Il n’avait pas de super pouvoir et l’invincibilité ce n’était pas pour lui.
Il envisagea de s’engager dans les forces spéciales, mais la vue du sang le faisait tourner de l’œil. Dans la police, il serait vite catalogué comme danger public sur les réseaux sociaux. Se déplacer dans le métro était devenu trop risqué pour lui. Un simple frottement d’un voyageur innocent pouvait se transformer en aller direct pour l’hôpital.
Il essaya de désapprendre. Tout était tellement ancré en lui (effet secondaire du virus ?) qu’il se cassa les dents (au sens figuré, il ne cassait que les dents des autres). Max était dans l’impossibilité de revenir à son état antérieur.
Détective privé ? C’était surtout une question de patience pour rester planqué des heures dans une voiture à essayer de prendre des photos d’un adultère potentiel.
Il répondit à une annonce de garde du corps pour un dirigeant (propriétaire de son entreprise de vente internationale d’armes) qui avait quelques soucis avec des concurrents et les syndicats. À sa grande surprise, il fut embauché après un seul entretien avec Thierry (le patron en question) qui cherchait quelqu’un ayant fait des études scientifiques, qui soit pondéré, pas téméraire et capable de le défendre.
Max passa trois mois à apprendre à se servir d’un pistolet avec un professeur particulier pour compléter son curriculum vitae (et être plus opérationnel dans son nouveau travail) avec les mêmes méthodes que celles qu’il avait utilisées pour maitriser le judo. Sans virus, il ne devint pas aussi performant, mais il atteignit un niveau très correct. N’est pas Lucky Luke qui veut.
Son poste lui permit de se faire énormément d’argent, de rencontrer des gens très influents et surtout de trouver son âme sœur, en la personne de René.
Trente années plus tard, Max est un vieux monsieur tranquille de soixante-cinq ans qui vit dans une luxueuse villa au bord de la mer avec René. Il a pris une retraite bien méritée même si ses réflexes enregistrés sont toujours là (René a appris depuis longtemps à se méfier). René peint (ses œuvres se vendent dans les galeries de la région) pendant que Max lit et écrit ses mémoires tout en entretenant toutes ses capacités au moins deux heures par jour. Ils sont heureux tous les deux.
C’est à cette époque qu’arriva le nouveau virus. Une période d’incubation très lente de près d’un mois pendant laquelle vous pouviez contaminer à loisir vos congénères juste en les touchant, en laissant vos miasmes sur différents objets usuels ou en leur soufflant sur le visage. Ce virus s’attaquait à tout le monde de la même façon même si les personnes atteintes de maladies chroniques étaient encore plus à risque. Cela commençait par un mal de tête terrible (qui vous empêchait de faire quoi que ce soit) avec des fièvres très élevées. Puis, trois jours après, tout l’organisme se mettait en rade, en mode survit. Les probabilités de décès étaient de l’ordre de dix pour cent.
Max et René furent touchés dès le début de cette nouvelle pandémie. René décéda après dix jours de combats. Max, après une crémation à laquelle il assista seul, plongea dans la dépression se cherchant des raisons de survivre.
« Le cercle rouge » (de Jean Pierre Melville, sortie en mille neuf cent soixante-dix, ce qui commençait à dater) lui donna deux idées : devenir un super papy qui arrête les méchants truands ou devenir un papy fripouille (genre Arsène Lupin) qui commet des larcins. La première idée était beaucoup trop compliquée à réaliser (il lui aurait fallu des contacts dans la police, dans le milieu, être en capacité de remontée des pistes, et puis c’était potentiellement dangereux). La seconde était beaucoup plus amusante. Dès qu’il fut remis sur pied, il commença sa nouvelle affaire.
Il localisait un objet qui lui plaisait (un vase, un livre, une montre, une statue, un tableau ou toute autre œuvre) chez un particulier, une entreprise ou un musée, puis organisait avec soin son expédition (ce qui pouvait lui prendre plus d’un mois), et enfin, passait à l’action.
Il ne prenait que ce qu’il avait ciblé, ne cassait rien, ne saccageait pas, ne salissait même pas. Il avait une tenue de camouflage adaptée comprenant gants et masque (ce qui le protégeait du virus, bien qu’a priori, l’ayant déjà eu, il devait être immunisé) et tout l’équipement nécessaire pour son opération.
Il se divertissait comme un jeune fou. Il stockait ses prises dans une pièce au sous-sol notant scrupuleusement la date et le lieu du vol ainsi que le nom du propriétaire. Il avait décidé de tout rendre à sa mort. Au moins, il ferait des heureux en décédant.
Sa vie s’écoula tranquillement pendant que son coffre-fort sous-terrain se remplissait. Il continuait à lire, à écrire, à s’entrainer et à voler jusqu’à l’âge vénérable de quatre-vingt-cinq ans.
Passé cet âge, Max se sentit trop vieux pour continuer à jouer les pirates. Il s’isola dans sa maison en poursuivant l’écriture de ses mémoires et en regardant les pins, la mer et le soleil dans une contemplation quasi religieuse voire mystique.
Arriva la troisième pandémie (leur récurrence commençait à devenir une mauvaise habitude). Max, quatre-vingt-dix ans bien sonnés, décida de se contaminer volontairement pour livrer son dernier combat. Il fit tout ce qu’il pouvait pour. Mais le virus l’évita, jouant au plus malin avec lui.
En désespoir de cause, Max publia ses mémoires, se mit à la cuisine (en mode calme, sans professeur particulier) et se réfugia dans sa fascination de la grande bleue et des géants verts.
À cent dix ans, Max tenait toujours le coup dans sa gigantesque maison. Il avait encore bon pied œil. Ce qui ne manquait pas de l’étonner d’ailleurs. Personne ne le connaissait plus, il sortait peu et commandait ses produits pour se les faire livrer. Il n’avait plus de famille et pas d’amis. Il était devenu un vieux loup solitaire qui s’occupait autant que faire se peut de son jardin, cuisinait et se reposait. Il ne regardait plus la télévision, écoutait les informations une fois par mois.
Quarante ans plus tard, la quatrième épidémie se produisit, encore plus terrible que toutes les précédentes. Max était toujours là. Il avait arrêté de mesurer le temps qui passe et ne se posait plus de questions. Il s’était créé une routine qui l’occupait toutes ses journées (jardinage, cuisine, admiration mystique) et dormait plus de quinze heures. Il était heureux dans son palais et avait oublié depuis longtemps pourquoi il avait un musée privatif au sous-sol.
Un après-midi comme les autres, alors tout le monde était supposé être confiné, Max se retrouva face à face, en sortant de sa cuisine pour déjeuner sur la terrasse à l’ombre de son grand pin parasol, avec une jeune fille d’une vingtaine d’années portant un énorme sac à dos.
Elle avait l’air aussi surprise que lui, pensant surement que la vielle maison devait être déserte.
« Bonjour. Bienvenue chez moi. Vous êtes ? » demandant Max
« Je ne vous veux pas de mal. Je me suis perdue, je suis passée par-dessus un petit mur pour monter vers la colline et avoir une bonne visibilité pour savoir où j’étais ».
« Je suis trop vieux pour croire en vos balivernes et j’ai moi-même été voleur pendant une période de ma vie, il y a bien longtemps. Que veniez-vous voler ? De l’argent ? Des bijoux ? »
« Pas du tout. Je ne suis pas une voleuse. Je suis étudiante en droit. Je me suis réellement perdue ».
« Si vous le dites. Comment vous appelez vous ? »
« Je m’appelle Eborona. Et vous ? »
« Max. Vous vous voulez retournez où ? Je connais bien la région depuis le temps, je peux vous aider ».
« Merci. Avant ; vous pourriez me donner à boire et à manger, si ce n’est pas trop vous demander ? Depuis le temps que j’erre, j’ai faim ».
« Bien sûr, j’allais déjeuner, partageons mon repas. Vous pourrez me parler de vous. »
Eborona avait eu une vie étrange. Elle n’avait pas connu ses parents, élevée pas des inconnus dans ces centres pour enfant abandonné. Depuis qu’elle était toute petite, elle voyageait beaucoup, rencontrait beaucoup de monde, tout en faisant ses études à distance. Certains avaient peur d’elle, bien qu’elle n’ait jamais bien compris pourquoi. Il y en avait même qui en voulait à sa vie, cherchant par tous les moyens à se débarrasser d’elle. Alors, elle partait découvrir de nouveaux lieux, échanger avec nouvelles personnes.
Au café, Max avait saisi. Enfin, il allait enfin mener la bataille finale.
« Eborona, cela te dirait de rester quelques jours ici ? Tu pourrais même choisir ta chambre.
“Pourquoi pas, je suis bien ici. Et j’ai le nécessaire dans mon sac à dos. Merci Max pour cette proposition”.
Max lui fit visiter les lieux, y compris sa collection secrète. Elle opta pour la chambre la plus haute pour profiter d’une vue époustouflante.
La vie recommença à s’écouler, lentement. Elle se connectait sur son ordinateur pour ses cours (Max avait le câble depuis plusieurs décennies même s’il ne l’utilisait que très rarement pour ses commandes) pendant deux ou trois heures, aidait à faire la cuisine, à laver la maison (qui en avait bien besoin), à faire quelques gros travaux au jardin. Max commença à lui raconter sa vie et prit conscience qu’il était vraiment très très vieux.
Au bout de cinq jours, Eborona décida de repartir. Elle voulait voir d’autres endroits, reprendre son chemin.
Max était très déçu. Il n’avait pas été malade du tout, il se sentait même en meilleure forme. Il se serait trompé sur son compte ?
Quelques jours après son départ, Max fit des recherches sur internet. Existe-t-il un virus qui au lieu de tuer, permettrait de vivre longtemps, très longtemps ?
Il ne trouva rien. Et continua sa petite vie tranquille pendant de nombreuses années.
Il venait de célébrer ses deux cents ans, quand un groupe d’hommes et de femmes sonna à sa porte. Max se demanda bien pourquoi (il payait toutes ces factures, sa fortune ayant été démultipliée par les placements à très long terme qu’il avait réalisés, et ne dérangeait personne dans son petit coin de terre.)
Max alla les voir (il n’avait jamais trouvé l’utilité d’un interphone)
“Bonjour, que me voulez-vous ?”
“Vous êtes bien Max ?”
“Oui, je suis bien Max, mais cela ne répond pas à ma question”.
“Vous êtes bien nés il y a plus de deux siècles ?”
“Peut-être, vous savez je ne vois pas grand monde et je ne fête plus mes anniversaires. Pouvez-vous répondre à ma question ? Je n’ai pas que ça à faire”.
“Nous voulons que vous nous bénissiez. Vous êtes le nouveau messie.”
“Mais non, pas du tout. Je n’ai rien d’un sauveur. Vous n’avez qu’à lire les mémoires que j’ai publiées, vous verrez. Allez, rentrez chez vous.”
Et Max repartit vers sa maison en se disant que les temps à venir s’annonçaient bien compliqués. Les êtres humains pouvaient être beaucoup plus envahissants et dangereux que les virus quand ils le voulaient. Il était grand temps qu’il s’en aille.
Il regarda une photo d’Eborona, regrettant encore une fois de ne pas avoir eu d’enfant et s’installa pour la sieste.
Le Groupe revint évidemment le lendemain. Ils ne trouvèrent qu’un cadavre dans un canapé. Ils pillèrent tout de même la maison pour vendre aux plus offrants toutes ces reliques et y installèrent leur nouvelle secte (les Maxiens).