Je pourrais vous parler de l’accouchement (c’est quand même magique de voir une cellule ridiculement petite en croiser une autre pour donner quelques années plus tard un adolescent boutonneux d’un mètre quatre-vingt ou presque ou une jeune fille capable de créer des jeux ou une petite fille qui découvre le monde). Mais cela n’étonne plus personne … c’est devenu banal (et avec de moins en moins de risque pour l’enfant et la mère, du moins dans pas mal de pays. À noter le fait que le père ne craint pas grand-chose … sauf s’il n’est pas le vrai père, mais c’est une autre histoire).
Je pourrais vous parler de la respiration (c’est génial cette pompe qui marche toute seule, charriant à la pelle des litres de sang des pieds – en bas – à la tête – en haut – en opérant en passant une oxygénation intégrale via les artères et les veines, tout cela pendant que vous regardez une bonne série à la télé ou que vous dégustez un épais cassoulet). Mais tout le monde trouve cela d’un commun ! Pourquoi y penser alors que cela fonctionne si bien (sauf si vous finissez par saturer le système à grandes louches de cholestérol, vous épuisez vos ventricules et autres oreillettes en restant assis dans votre fauteuil, bref, si vous abusez de votre fortune sans respecter vos organes).
Je pourrais aussi vous parler de l’épaule et du coude (vous vous rendez compte de tous les endroits où peut aller votre main par rapport à votre corps sans que vous ayez vraiment à y réfléchir ? imaginez un joueur de pingpong qui devrait traduire ce qu’il a vu, donner un ordre à ses muscles, coordonner ses mouvements et enfin, tout en ne lâchant pas la raquette, taper dans une petite balle). Là encore, vous trouvez cela surement que cela est banal, facile (et pourtant dès que vous avez une tendinite, qu’un tendon se rompt, que les os se calcifient, que l’arthrose vous guette vous comprenez que l’épaule est l’articulation la plus mobile, qu’elle est connectée à quatre os et douze muscles).
Je vais vous parler de mon doigt. Explosé entre les deux volants d’une fenêtre, un morceau de chair dépassait, la peau était déchirée et l’ongle se posait des questions. Je ne partage pas la photo, c’était assez peu ragoutant. J’aurais dû aller voir un docteur, mais pris par d’autres priorités (comment cela ne faisait pas trop mal, avec un bon gros pansement ça allait). Je ne suis allé voir dans une pharmacie que quarante-huit heures après (bon soixante-douze en vrai). Le verdict était très clair : vous auriez dû faire un point de suture bien avant. Cela risque fort de s’infecter et vous aurez surement une trace (un bout qui dépasse en clair) durant le reste de votre vie (que je vous souhaite longue, très bien élevée la pharmacienne). Et pourtant quatre jours plus tard tout était redevenu tout propre comme si de rien était. Cf. la photo.
Alors, comment expliquer ce miracle ? C’est la cicatrisation !
Processus physiologique complexe qui fait intervenir un grand nombre de types cellulaires, il commence par la destruction des tissus nécrosés et se termine par la réparation des pertes de substance. Le derme détruit est d’abord remplacé par un tissu conjonctif fibreux (cf. photo) qui sera à terme remplacé par un néoderme.
Un petit schéma montre comme tout cela est simple
Bon, vous allez me dire qu’il ne faut pas exagérer, ce n’est « que » la nature qui fait son boulot.
C’est vrai, mais je trouve quand même ça formidable !
PS : Je vous déconseille d’essayer, l’étape initiale fait mal …