Un soir sans lune, il sortit du château royal par l’immense pont-levis, la tête enfoncée dans les épaules. Les premiers frimas recouvraient le pays d’un voile épais. Il avait survécu à de nombreuses aventures, certaines étranges, d’autres fabuleuses. Cette fois, il ne voyait pas par quel bout prendre cette nouvelle mission. Faisant preuve d’une grande sagesse et d’une bonne dose de bon sens, il décida de commencer par le début et de laisser venir la suite.
Il dirigea son cheval vers le port d’Urmani, qui se trouvait à quelques lieues de là. Si tout se passait bien, il y arriverait avant la nuit et pourrait, plutôt que dormir à la belle étoile sur un morceau de tissu rapiécé, se restaurer dans une auberge chaude et accueillante. Il faisait froid et humide. La terre était lourde sous les pas de Tchakil, son lourd destrier.
Le Chevalier Noir n’y arriverait pas tout seul. Il lui faudrait trouver des compagnons. Et comme d’habitude, il lui faudrait compter sur le destin, n’ayant pas trouvé un dieu à sa convenance, contrairement à la majorité de ses contemporains. Avec de bons préparatifs, un plan sérieux et une bonne organisation, cela devrait bien se passer. Le hasard n’existe pas.
Un prêtre, cela devrait pouvoir se trouver. Il en connaissait un, qui en connaissait un autre avec une solide réputation, et adorant un dieu acceptable qui plus est. Le panthéon actuel se composait – à sa connaissance – de cent vingt quatre dieux, allant de sept dieux uniques et tout puissants, à des dieux plus limités question pouvoir, comme le dieu de la rivière d’Ompal-La-Rouge ou celui de la pierre qui bouge mais ne tombe pas. En terme de valeurs, ils allaient du « nous sommes tous frères, tendons l’autre joue », au « viens là que je te massacre pour t’arracher le cœur, ça me fera rire ». Une sélection soignée était donc nécessaire.
Des guerriers, il pouvait en trouver à tous les coins de rues. Il fallait juste qu’il en sélectionne un ou deux avec un minimum de cervelle et quelques valeurs de base, du genre « ne pas tuer ses coéquipiers sans raison, juste parce que le combat, c’est excitant ».
Pour trouver un détecteur, il pourrait sûrement compter sur son ami milicien. Après tout, un garde, surtout le chef des gardes, fréquente forcément la racaille. Il détestait le mot de « voleur », cette profession le gênait profondément, par son principe d’existence même. Il n’était pas lui-même cent pour cent honnête, non, mais de là à vivre des richesses des autres, sans leur autorisation, il y avait un pas qu’il ne saurait franchir. Il ne voulait en aucun cas de quelqu’un avec du sang sur les mains, encore que… si cela était le fait d’une légitime attaque, il pourrait le tolérer.
Le plus dur, ce n’était pas ceux-là, c’était l’illusionniste, le charlatan, le manipulateur, quelqu’un capable de remettre à sa place la réalité traditionnelle, de transformer une pierre en missile, d’endormir quelqu’un avec une poignée de sable, de jouer avec le feu comme d’autres jonglent avec des balles. En un mot comme en cent, il faudrait qu’il parte pour le continent de Gargle avec un magicien puissant. Cela n’allait pas être une promenade de santé. Les dieux adoraient se mêler des affaires humaines lorsque des sorts musclés étaient lancés. Ils trafiquaient les combats, se servaient de poupées humaines à qui ils donnaient des pouvoirs surnaturels, juste pour pimenter leur triste existence. Ils ne laissaient aucune place au hasard.
Absorbé par ses réflexions, il remarqua à peine le groupe de bandits de grand chemin qui l’attaquèrent. La flèche qui devait lui percer le cœur rebondit bêtement sur son plastron pour venir se planter dans le sol. D’un revers de la main, il envoya voler dans le champ voisin l’abruti qui avait sauté de sa branche, derrière lui, sur son cheval. Celui-là mettrait quelque temps avant de pouvoir bouger la mâchoire normalement. Quand à celui qui s’était jeté sur lui avec un épieu, lancé sur un cheval au galop, il n’avait pas eu le temps de comprendre, avant de mourir, pourquoi sa tête était partie seule d’un côté et son corps, toujours sur le cheval, de l’autre.
C’est le problème avec une épée vorpal, ça coupe tout sans effort. Il faut, bien sûr, être capable de s’en servir, mais une fois les techniques bien ancrées, cela devenait un jeu d’enfant.
Comme tous les gardiens de portes de toutes les villes du continent, celui de la porte nord d’Urmani se fit discret en le voyant arriver. Il ne lui demanda ni son nom ni son laisser passer, ni le temps qu’il comptait rester, ni rien du tout d’ailleurs. Aller tout de noir de vêtu, sur un destrier recouvert d’une cape noire, en se tenant le dos bien droit, calme les ardeurs et la curiosité des gens. Le fait d’aller tête nue, avec à son côté une épée luisante d’un noir d’ébène devait aider aussi, il le reconnaissait.
Il choisit de retourner dans une auberge qu’il avait déjà fréquentée par le passé. Ce n’était pas propre, mais ils s’occupaient bien de son cheval. Et puis, la nourriture était copieuse et bonne. Et, même s’il n’aimait pas avouer que c’était aussi une raison valable, la bière était goûteuse et forte, et la serveuse très sympathique, surtout sa poitrine plantureuse. Et aussi son fessier dansant, c’est vrai.
Arrivé à la porte, il décida d’appliquer sa méthode personnelle habituelle, rapide, simple et efficace. Il n’était pas encore trop tard, cela ne réveillerait pas trop de monde.
Il sortit son cor de sa trousse en peau d’ours des montagnes, le porta doucement à ses lèvres, souffla un bon coup dedans, puis le rangea tranquillement dans sa sacoche, où il entassait le peu d’effets personnels pour lesquels il avait encore quelque intérêt.
À peine dix secondes plus tard, l’aubergiste ouvrait la porte en courant, hurlait à un serveur de s’occuper le mieux possible de son cheval en se penchant poliment devant lui pour lui promettre que sa meilleure table lui serait réservée et que tout son personnel, et lui, étaient à sa disposition. L’aubergiste se souvenait des dernières visites du Chevalier Noir. Il allait faire en sorte que cette fois tout ce se passe bien, sans heurt ni combat.
À l’intérieur, le Chevalier Noir s’assit à sa table, dos au mur, une vieille habitude permettant d’augmenter un tant soit peu son espérance de vie, et attendit tranquillement son dîner.
Il demanda gentiment – car cela ne coûte rien – à l’aubergiste de faire en sorte que son ami le chef des gardes le rejoigne pour déguster sa merveilleuse ale. Un peu d’exagération et de basse flagornerie fait toujours plaisir.
Arrivé dans la salle, il constata avec plaisir que la serveuse était toujours aussi accorte. Ne voulant pas admettre que c’était uniquement pour cette raison qu’il était revenu dans cette auberge, il préféra penser que c’était pour le bien être de son destrier. Ils s’occuperaient bien de Tchakil ici, et c’était vraiment une chance pour lui.
Après avoir mangé, il regarda autour de lui. Il l’avait déjà fait par réflexe pour détecter si une menace potentielle existait. Sa paranoïa ne prenait jamais de vacances. Là, il prit son temps. Il y avait un couple de voyageurs apeurés, manifestement un peu perdu dans cette ville. Ce devait être des paysans se rendant à une noce dans un village voisin et qui avaient dû faire une étape ici. À une autre table se trouvait un groupe de joueurs de cartes, manifestement des amateurs se prenant pour ce qu’ils ne seraient jamais. Même lui pourrait facilement les débarrasser de leur pécule sans se donner trop de mal. Encore que l’un d’entre eux semblait un peu plus habile que les autres. Il perdait un peu, attendant son heure pour se refaire, quand les autres seraient moins sensibles à des pertes inattendues.
À une autre table, un type gigantesque tout de noir vêtu, la tête baissée recouverte d’une capuche, à moitié dans l’ombre, les deux mains posées en croix devant lui sur la table, sur une lame de couteau. Ce devait être le prêtre d’une religion adepte du sang. Il n’avait mangé que la viande, crue, laissant de côté tous les légumes et le pain. Il ne cherchait à convertir personne, encore que son regard vers les paysans pouvait laisser penser qu’ils pourraient l’intéresser soit comme disciples, soit comme participants plus ou moins volontaires à une des cérémonies en l’honneur de sa divinité. Il n’y a pas de hasard, seuls les dieux tissent leur toile, utilisant les passants comme des pantins pour satisfaire leurs caprices.
Son ami, Rothgul, chef des gardes de son état, le rejoignit quelques instants plus tard. Comme lui auparavant, il examina les autres clients d’un coup d’œil expert.
— Bonjour Elwin, il n’y pas encore eu de morts signalés à moins de cent mètres de l’auberge, c’est étonnant ! Tu deviens vieux ?
— Salut Rothgul ! Toujours cet humour irrésistible… je suppose qu’ils ont dû te réveiller pendant que tu faisais ta huitième sieste de la journée ?
— Tu as bien choisi ton auberge, c’est la seule sans cafard dans les lits. Les araignées les ont tous bouffés. En tout cas, leur bière fait du bien, c’est le principal.
— Comment vont les affaires ? J’ai entendu dire que la ville était moins sûre qu’avant et que les voleurs avaient décidés de se faire plus violent. Il y a encore des professionnels ?
— Oui, c’est vrai. Urmani reste un port malgré tout et les rixes sont toujours aussi fréquentes. Mes hommes passent de plus en plus de temps à s’occuper d’ivrognes et de bagarres pendant que les voleurs et les assassins courent toujours. Et toi, je suppose que tu n’es pas ici pour trouver un bateau vers les îles paradisiaques et aller te la couler douce sous un cocotier ?
— Comme toujours, Rothgul. Tu sais, je ne saurais pas faire grand-chose d’autre de toute façon. Et puis, je dois t’avouer que j’aime ça. Ne pas savoir comment cela va se terminer, ce qui va se passer, pousser toujours plus loin mes limites, aller au bout de mes peurs, être en permanence sous tension, tout cela est ma drogue, mon essence vitale. Je suis un grand malade en fait, totalement traumatisé par une enfance difficile, une maladie terrible, des parents sans amour, des amis sans pitié. Sans ces aventures, je devrais me regarder dans le miroir, me poser des questions sur moi-même. Je n’ai pas d’autre solution que d’être un héros un peu crétin destiné à sauver le monde, où dans le cas présent, le roi. De toujours courir vers l’aventure suivante, en attendant une mort certaine que j’espère rapide. Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, je dois effectivement devenir vieux. J’ai besoin de hasard et je ne le trouve pas.
— Tu es tout de même le seul homme un tant soit peu célèbre que je connaisse, qui ne soit pas attiré par le pouvoir ou l’argent, mais juste animé par l’envie d’avancer, de faire vivre ses valeurs même si c’est pour se fuir lui-même. Tu es fascinant et terrifiant à la fois. Les gens t’appellent le Chevalier Noir, et il ne prononce ces mots qu’avec respect, tout bas. Ils t’admirent, ils te respectent, certains même te glorifient. En même temps, ils ont peur de toi, de tes réactions, des histoires de tes combats que l’on se raconte en tremblant le soir. Tu es à la fois leur espoir secret pour lutter contre le mal, l’homme qu’ils voudraient être pour réaliser leurs rêves, et aussi leur pire cauchemar. Tu es l’inconnu, un risque vivant.
— Allez buvons, et oublions tout cela. Je cherche un détecteur, enfin, tu vois ce que veux dire. Un homme ou une femme, cela m’est égal. Quelqu’un capable de travailler avec moi, sans que j’aie besoin de le surveiller tout le temps, sans qu’il ait besoin de se motiver tous les matins pour ne pas repartir en courant d’où il vient. Et qui ne soit pas un salaud sans vertu ni vergogne, capable de trahir ses amis ou de tuer des innocents juste pour le plaisir. Ah oui, il serait bien qu’il soit vraiment bon dans son boulot. Je pense que je vais avoir besoin d’un vrai professionnel, avec de l’expérience et beaucoup de résistance.
— Et tu penses que je peux te trouver cette perle rapidement ?
— Oui, si tu considères le fait que je peux faire libérer qui je veux, par ordre du roi, quelque soit son crime. Je devrai m’en porter garant, bien évidement. Mais là où je compte aller, il vaudrait mieux pour lui qu’il soit garant de lui-même de toute façon.
— Et comment vas-tu lui vendre cette mission ?
— Top secret. Contente-toi de me l’amener. Je me débrouillerai pour le reste.
— Ok. Soit ici demain à la même heure.
— Merci.
Le Chevalier Noir serait bien allé faire un tour dehors, voir la mer, mais cela poserait des problèmes à son ami. Elwin y laisserait quelques morts dans les parages. Sa simple présence suffisait à donner des idées idiotes aux bons pères de famille, à base de bravoure et de fierté. Elle suffisait aussi à provoquer des comportements primaires de défi chez des abrutis qui veulent se prouver qu’ils peuvent se montrer téméraires, alors qu’ils ne font que hâter leur trépas inutilement. Ils veulent tenter leur chance dans un monde où tout est déjà écrit.
Pourtant, Elwin aimait la mer et son mouvement perpétuel, sa plénitude et son immensité. Il aurait aimé être pécheur, passer ses journées seul dans une vielle barque de bois vermoulu, laissant tranquillement les filets traîner derrière lui pour capturer une pêche juste suffisante pour payer une tournée à ses amis au bar. Ce rêve-là, il pouvait se le permettre, cela ne le secouait pas trop. Mais imaginer une femme, une maison, des enfants, c’était trop dur pour lui. Cela remuait trop de choses. C’était son secret pour se mettre en marche le matin dans la neige, pour continuer à poursuivre un monstre ou un ennemi public. Il lui suffisait de penser à un repas de famille pour avoir envie de tout casser. Finalement, il avait plutôt bien choisi son métier. Il lui permettait de se défouler et, de ne pas devenir fou. C’est aussi cela qui lui permettait de résister si facilement aux charmes et autres sortilèges. Il s’était fait une telle carapace autour de ses douleurs qu’il était capable de rester insensible à toute émotion, à toute passion.
Dans un monde où les dieux étaient omniprésents, où de vieilles femmes prétendaient tisser votre destin, se trouver des moyens de survie était quelque chose de primordial. Se trouver des raisons de vivre pouvait aussi se révéler utile. La quête du hasard en était une.
Jamais Elwin ne s’oubliait totalement. Il était toujours sur ses gardes. Même au moment de jouir dans la serveuse allongée sous lui, qui se remuait en poussant de petits cris, il écoutait les bruits dans le couloir, les sens en alerte sur les rumeurs de la rue. Ces petits seins qui tressautaient étaient vraiment magnifiques. Ce n’était pas la même poussée d’adrénaline qu’une lutte sans merci contre un vampire ou un dragon, mais cela faisait quand même du bien.
Avant de s’endormir seul – dans un lit pour une fois –, Elwin passait son anneau de l’annulaire de la main gauche à celui de la main droite. Cela suffisait à activer son pouvoir. Si quoi que ce soit venait à le menacer, il serait automatiquement réveillé par une petite décharge électrique. C’était un peu désagréable, c’est vrai, mais en même temps, cela le mettait en état de combattre en un temps record. Sans cet anneau, le Chevalier Noir aurait été mangé par les vers depuis longtemps. Même un héros doit dormir de temps en temps !
Elwin fit la grasse matinée, puis après un petit déjeuner pris dans sa chambre, il se lança dans ses exercices rituels. Il était vital pour lui que la machine de guerre qu’était devenu son corps soit capable de fonctionner sans qu’il ait besoin d’y penser. Il gagnait ainsi quelques centièmes de seconde sur ses ennemis, les ordres passant directement par les nerfs sans avoir besoin de faire l’aller-retour par le cerveau. Il devenait dans ces moments-là un des éléments de l’ensemble. Tous ses sens étaient alors en relation fusionnelle avec ses muscles et ses tendons. Il n’est plus qu’action, réaction, sans aucune pensée intelligente. Il était même capable de faire en parallèle une partie d’échecs ou de songer à la résolution d’une énigme. Son corps était un individu à part entière, qu’il pouvait libérer à volonté, enfin presque, car maintenir cet état de transe lui demandait énormément d’énergie.
Elwin posa délicatement des petits morceaux de bougie sur les montants du lit, sur la petite table en bois, et sur la seule chaise de la chambre. Il en mit aussi un sur la poignée de la porte, et un dernier sur la lampe fixée au plafond. Puis il se mit au milieu de la pièce, regarda autour de lui, prit son épée en main, et plongea dans un problème de jeu de go. Une fois bien concentré, il lâcha la bride à son corps. Ses mouvements, au départ, furent lents, précis, comme une danse calme et langoureuse, comme un serpent charmant sa proie. Puis, il accéléra la cadence. L’épée devint un filament de lumière à peine discernable. Il n’y avait aucun bruit. Il effleurait le sol, plus léger qu’une plume. Il gardait les yeux grands ouverts, même s’il semblait ne rien regarder.
Lorsque la chambre fut pleine d’une énergie bruissante, comme si l’air était devenu plus dense, comme si chaque grain de poussière avait acquis un peu de matière, il commença à ralentir ses mouvements pour progressivement s’arrêter, exactement dans la même position qu’au début de son exercice.
Le serpent a mordu. Le Chevalier Noir avait été impressionné par la vivacité du cobra et, comme son vieux maître lui avait appris, lors des combats il aimait à se voir comme un reptile surpuissant et infaillible.
Dans la chambre, aucun meuble n’avait été touché. Tous les petits bouts de bougie avaient été coupés en deux, proprement. Il s’était écoulé une dizaine de minutes. Il n’y avait aucun aléa dans tout cela, tout avait été parfaitement contrôlé, minuté par des années d’expérience et de pratique.
En revenant dans son corps, son esprit se remit au diapason. Il avait presque résolu le problème de go. Mais il n’était pas sûr que sa solution fût la meilleure. Il faudrait qu’il revienne dessus une prochaine fois.
Elwin songea alors au fait qu’il serait peut être bien qu’il se trouve un dieu. Cela pouvait servir en cas de gros ennuis. Il le choisirait actif et vénal. Au moins, il aurait une probabilité de réagir avec une offrande suffisante. La chance, hasard positif, était-elle une divinité ?
Le Chevalier Noir disposait en tout et pour tout de trois tenues : celle pour les voyages (qui comportait plus ou moins d’épaisseurs selon la température), celle pour les combats et les déplacements en zone de danger (qui avait la vertu d’être très pratique même si elle était en réalité inesthétique), et enfin, celle de ville (plus sobre, pour les grandes occasions publiques). Toutes avaient en commun de dissimuler, sous leur partie visible, son plastron fait d’un métal très précieux qui était à la fois très résistant, souple et très léger. La pièce d’armure le couvrait du cou au haut des cuisses en un astucieux système de cliquets qui permettait de le fermer par devant. Toutes ses affaires étaient noires. Totalement noires. Au départ, il avait choisi cette couleur car elle était discrète dans la pénombre. Puis c’était devenu sa marque de fabrique.
Dans la salle principale, le Chevalier Noir était seul pour prendre son déjeuner. L’après-midi, il irait à la bibliothèque consulter quelques cartes pour peaufiner son voyage et discuter avec un ou deux commerçants voyageurs au long court. Les commerçants étaient au courant d’anecdotes intéressantes sur les pays lointains et leurs évolutions. Elwin se faisait un devoir d’être au courant des histoires de ce bas monde aussi bien au niveau politique qu’économique. Celui lui permettait d’éviter des contresens déplaisants lorsqu’il devait naviguer au plus près des rois et de leurs pantins.
Le chemin vers la bibliothèque fût rapide. Il se souvenait de la route à prendre. Toujours programmer, ne rien laisser au hasard.
Elwin était content de retrouver le bibliothécaire, qui était un de ses amis avec qui il avait, dans le temps, partagé quelques missions. Il était magicien dans le civil. Assez médiocre, mais sans peur et intéressé par tout ce qu’il voyait. Il passait la majeure partie de son temps à collecter des morceaux de tout et n’importe quoi, allant du caillou à l’os, en passant par les bouts de bois ou les yeux des morts. Il possédait un talent inné pour détecter les ennuis qu’ils fussent naturels ou magiques. D’après lui, c’était comme si une sonnette se déclenchait dans sa cervelle. La puissance du son était proportionnelle à la distance du danger. Ce qui était d’ailleurs assez trompeur, car souvent la distance n’était pas vraiment le facteur-clef. Quand le danger s’était matérialisé, la sonnette se transformait en murmure de petit torrent. Cela donnait un côté poétique et délicat à ses sortilèges, qu’il fredonnait de sa voix de basse plutôt que de les hurler comme la tradition le recommandait.
Il s’était mis à la retraite à la suite d’un message contenu dans un parchemin ramassé par erreur qu’il avait interprété comme divin, venant tout droit de la main droite du fil tendu du destin : si tu continue, tu meurs. Si tu ne continues pas, tu meurs quand même, mais plus tard. Il avait décidé de tout laisser tomber et de se livrer à une activité plus paisible, culturelle et presque aussi lucrative.
Après les retrouvailles et les échanges d’informations rituelles sur la santé, la fortune et la vie en générale, le bibliothécaire conduisit Elwin à la salle des cartes, lui sortant celles qu’il devrait analyser.
Une heure s’était écoulée, lorsque le bibliothécaire revint voir le Chevalier Noir. Même si son talent s’était amenuisé avec l’âge, il pouvait entendre une toute petite sonnette se rapprocher, paisiblement.
— Elwin, tu devrais lever le nez de tes cartes. Nous allons avoir des ennuis. Enfin, tu vas en avoir, toi. Moi, je vais de ce pas me calfeutrer à la cave.
— C’est pour dans combien de mètres ?
— Je dirais cinq cents mètres environ. Si son allure ne change pas, dans cinq minutes tu sauras de quoi il s’agit, ou pas d’ailleurs, si tu ne réagis pas assez vite.
— Tu es toujours aussi positif et rassurant, c’est encourageant. Rien n’a changé, tu ne sais toujours pas si c’est mortel ou juste désagréable ? Si c’est naturel ou magique ?
— Non, au contraire d’ailleurs, je ressens de moins en moins le flux. Je n’ai plus que la sensation de quelque chose, de façon imprécise et brouillée.
— Allez, va te planquer. Je m’en occupe.
Resté seul, Elwin plaça sa chaise en plein milieu de la grande salle, en faisant attention de ne pas se mettre sous le lustre. Il s’assit face à la porte. Les monstres ont toujours une tendance à arriver en l’explosant dans un bruit assourdissant. On dirait qu’ils sont programmés pour cela. Il jeta quand même un œil sur les fenêtres de chaque côté. Après tout, se dit-il, cela vole peut être. Il ne fallait rien laisser au hasard.
Le Chevalier Noir avait les deux pieds campés sur le sol, les jambes légèrement écartées, le dos bien droit, les mains sur les cuisses, le regard face à lui. Il adorait cette position, qui lui permet de détendre tous ses muscles, de décompresser complètement, de s’abandonner, sans perdre conscience. C’était un truc que lui avait appris un vieux moine vivant reclus dans un donjon perdu au beau milieu d’un gros tas de monstres divers, gouverné par un dragon rouge aux tendances assez perverses et primaires, quoique génial.
Les pensées d’Elwin dérivèrent en repensant à cet individu bizarre. Le Chevalier Noir, emporté par son élan destructeur, avait dû aller chercher un objet magique, contre la promesse de trois mois de vacances entouré de jeunes vierges dociles, dans le trésor du susdit dragon rouge. Pour se faire, il avait utilisé une cape magique, empruntée à un sorcier un peu demeuré qu’il avait saoulé à l’aide d’un alcool presque pur et parfumé à la framboise, avant de le tabasser à coup de pierre, pour plus de sûreté.
C’est en repartant, au détour d’un couloir, qu’il avait croisé le moine. Ils avaient sympathisés. C’est toujours comme ça, dans les voyages à connotation touristiques (ou pas). Lorsque l’on rencontre un congénère qui nous ressemble approximativement, c’est-à-dire avec deux bras se terminant par des mains, deux jambes de longueurs égales et une seule tête permettant de s’exprimer autrement que par des cris gutturaux, on fait tout de suite ami-ami.
Le moine avait trouvé une solution assez simple pour ne pas mourir dans ce donjon peuplé de monstres en tout genre : tout relaxer et être totalement sans peur et sans angoisse. Du coup, les monstres se méfiaient. Un type qui se ballade les mains dans les poches sans arme cache forcément quelque chose. On ne dit pas bonjour en souriant à un troll des cavernes si on n’est pas capable de le démembrer avant qu’il ne se régénère. Et, les trolls des cavernes se régénèrent très vite !
Comme quoi le destin a des ressorts que la plupart des gens ignorent… Ou était-ce une trace de la volonté du hasard ?
Elwin avait proposé au moine de retourner dans le monde civilisé avec lui. Ce dernier avait préféré rester là où il avait ses habitudes et progresser encore dans la relaxation. Il venait de trouver des champignons qui, une fois broyés, semblaient lui procurer des sensations assez détonantes.
Bref, les cinq minutes s’étaient écoulées et Elwin avait basculé dans cet état où tout est possible, où tout n’est que sensation et intuition lorsque la magie côtoie le réel.
Dans une autre bibliothèque, sur un continent éloigné, se trouvait un vieux grimoire dont les rares pages qui y restaient encore accrochées présentaient des arabesques luisantes. L’une d’elle constituait un mot. Et ce mot avait été animé par la présence de quelqu’un de puissant à côté de lui. Il avait été expulsé du livre à son approche et maintenant il voulait revenir de la mort, à une existence matérielle. Le mot était revenu à sa source, là où son créateur l’avait prononcé la première fois, dans un cri rauque, juste avant de s’effondrer, terrassé sur place par un arrêt cardiaque. Il s’était déplacé lentement en suivant les quelques adorateurs qui se trouvaient là et avait décidé d’aller répandre la bonne parole autour d’eux, non sans ironie d’ailleurs.
Pour finir, il s’était matérialisé sous la forme d’une plume de phénix trempée dans le sang, tenue par la main d’un elfe noir malfaisant. Il avait alors fait corps avec le morceau de papier pour prendre possession du livre et en faire son habitacle.
Le mot avait tout revécu, tout ressenti, se gorgeant à nouveau de la sève de ses esprits en fuite, reprenant la puissance qui était sienne avant l’oubli. Il avait souffert des siècles enfermé dans des coffres perdus, oublié au fond de greniers sans lumière.
Le mot avait terminé son voyage par delà la mer, porté par les courants chauds et les vents amples des hautes altitudes. Il s’était approché sans hâte de la bibliothèque, découvrant avidement son nouvel univers, attiré en ce lieu par une âme qui en avait fait sa quête.
Elwin sentait une présence sans parvenir à l’identifier de façon précise. C’était comme une petite tâche dans son cerveau, un rêve au petit matin dont on ne souvient que de quelques bribes, que d’odeurs et de couleurs, sans parvenir à mettre de mots dessus. Ou encore comme cette impression de déjà-vu que l’on a parfois, celle de rejouer une parodie de sa propre vie, avec un seconde chance illusoire. Car personne ne peut refaire le passé.
Le mot passa par l’épée luisante qui reposait au côté d’Elwin. Elle convenait bien à son besoin par sa structure précise et coupante, sa forme aussi légère et gracieusement courbe que le corps d’une femme endormie. Il goûta sa lame et son tranchant, sa magie et son cœur. Il reprit encore des forces, de l’amplitude et de la profondeur.
Partout sur la planète, d’autres mots, qui avaient approximativement le sens du mot, se mirent à vibrer en résonnance. Lorsqu’ils étaient prononcés, les parleurs se vidaient de leur énergie à travers les vibrations qui se propageaient dans l’atmosphère. Les vitres alentours éclataient, les animaux hurlaient et les enfants pleuraient. La langue utilisée n’avait pas d’importance, seul comptait la musique intérieure et le sens caché, intime, que l’on voulait leur donner. Ils prenaient naissance au plus profond de l’individu pour jaillir en une fontaine aussi soudaine qu’éphémère.
Dans le ventre d’Elwin, un concept se formait. Le Chevalier Noir cherchait inconsciemment à le refouler, mais ses poumons se gonflaient au rythme d’une vague indolente et sûre d’elle. Le mot se repaissait de ses entrailles pour venir s’accorder avec l’air prisonnier de ses bronches. Il avait trouvé un corps à son sens.
Le corps entier du Chevalier Noir se tenait prêt à exprimer cet accord impossible entre un être humain et le mot. Il avait renversé sa tête en arrière, les yeux révulsés. Elwin n’était pas possédé, cela il aurait pu y résister facilement. Il était juste en harmonie avec la pulsion primaire qui l’avait jusque là animée.
Tous ces exercices avec des bougies, toutes ces séances de relâchement, tous ces combats brefs et sanglants, tous ces jeux intellectuels, toutes ces joutes contre la peur et l’ennui, tous ces cauchemars contre lui-même l’avaient amené à cet instant ultime et nécessaire. Il allait connaître la source de son être, et fusionner avec elle.
Tout dans la pièce lui disait que c’était une évidence. Sa position face à la porte, les jambes totalement écartées, les bras en croix. Les livres vibrants à l’unisson sur leurs étagères. La bibliothèque elle-même, comme prise d’une vie propre, qui faisait respirer ses profondes fondations. L’air s’était arrêté net, prêt à laisser passer cette harmonie.
Elwin ouvrit sa bouche et laissa passer l’air qui voulait renaître. La rumeur monta de sa gorge offerte au sacrifice, passant par son palais, comme brûlé par des épices trop fortes. Elle expulsa, juste avant de revivre, ses dents et ses lèvres à des dizaines de mètres à la ronde, dans une explosion de chair et de sang.
Après sa clameur, il ne resta strictement plus rien d’Elwin, pas la moindre parcelle de chair, pas le moindre atome. Ni du bibliothécaire ni de l’auberge d’ailleurs. La ville elle-même avait été remplacée par un cratère incommensurable recouvert d’une fumée jaunâtre.
Au fond du cratère, se trouvait un vieux grimoire, fermé.
Sur sa couverture, un mot était écrit. Ce mot avait repris tout son sens et allait pouvoir être à nouveau.
La mission d’Elwin attendrait un autre héros.
Post scriptum : pour ceux qui voudrait vraiment savoir de quel mot il s’agissait, voici quelques pistes.
Une fois qu’il exista à nouveau, les vielles tisseuses se transformèrent en un magnifique tas de sable fin doré. Les fils qu’elles manipulaient se transforment en presque tout ce qui vol, du papillon à l’albatros en passant par le moineau commun.
Une fois qu’il enfla suffisamment et retrouva ses pouvoirs, les dieux commencèrent à prendre peur, ils sentirent que leur maîtrise des événements se délitait. Ils sentirent que tout pouvait basculer n’importe quand.
Lorsqu’il atteignit sa pleine puissance, plus rien de l’arrêta et il envahit tout. Il se glissa entre le temps et la matière, au milieu de toutes les dimensions, dans la courbure de l’espace. Il devint le nouveau maître du jeu, terriblement dangereux car sans passion, sans objectif.
Il n’a ni passé, ni futur, tout juste l’essence d’un présent.
« Chez la plupart des hommes, l’intelligence est un terrain qui demeure en friche presque toute la vie. On a droit de s’étonner, en voyant la multitude de gens stupides ou au moins médiocres, qui ne semblent vivre que pour végéter, que Dieu ait donné à ses créatures la raison, la faculté d’imaginer, de comparer, de combiner, etc., pour produire si peu de fruits. La paresse, l’ignorance, la situation où le mot les jette, changent presque tous les hommes en instruments passifs des circonstances. Nous ne connaissons jamais ce que nous pouvons obtenir de nous-mêmes. »
Une remarque d’Eugène Delacroix
« Savoir penser, c’est savoir tirer du mot les ressources qu’il implique en nous. »
Un commentaire de Paul Valéry
« La prédiction d’un devin ou d’une sorcière, si elle dépend de causes extérieures et inanimées, peut se trouver vérifiée soit par le mot, soit par l’effet d’une connaissance plus avancée des signes, soit par une finesse des sens qui permet de les mieux remarquer. Il faut dire là-dessus qu’on oublie presque toutes les prédictions ; ce n’est souvent que leur succès qui nous les rappelle. Mais le crédit qu’on apporte aux prophètes tient à des causes plus importantes et plus cachées. Souvent l’accomplissement dépend de nous-mêmes ou de ceux qui nous entourent ; et il est clair que, dans beaucoup de cas, la crainte ou l’espérance font alors arriver la chose. La crainte d’un accident funeste ne dispose pas bien à l’éviter, surtout si l’on penche à croire qu’on n’y échappera pas. »
Une pensée d’Alain
« La découverte scientifique n’est pas une preuve de génie, pas même d’intelligence. Il n’y faut que des connaissances techniques, servies par le mot. »
Une riche remarque de Paul Léautaud
Et pour finir, la conclusion d’André Gide :
« La vérité, c’est que, dès que le besoin d’y subvenir ne nous oblige plus, nous ne savons que faire de notre vie, et que nous la gâchons au hasard. »
J’ai une règle d’or sur Or : quand je me décide à lire un texte aussi long que celui-ci, il faut qu’il soit bon, et donc je m’arrête dès que je trouve que ça chie dans la colle. Ici, en première phrase, je tombe sur « héros invincible par le destin ». Bon, ça veut rien dire : je m’arrête. J’ai continué juste pour être bien sûr de ne pas me la jouer glorieux sur son sommet… et j’ai accroché. Je suis encore en train de lire, me suis juste arrêté pour commencer mon commentaire, après un passage marrant sur les dieux (et bien branlé) mais du coup je te le demande : bordel c’est quoi un héros invincible par le destin ? Pourquoi une telle connerie, de quoi nous faire tourner la page, alors que manifestement t’es pas trop mauvais ? Je continue ma lecture… Petite remarque sur le contenu (parce que je n’ai rien à dire ni sur la forme – bien foutue, mieux, bien mieux que la moyenne – ni sur le fond – dont le principal atout est l’humour (j’arrive pas à croire que je suis en train de faire des compliments ! Surtout sur un thème autrement vu et revu et généralement barbant qu’est l’héroic fantasy !)) sur le contenu donc : avec 124 dieux, que ton héros n’en ait pas trouvé un seul à son goût fait de lui un mec vraiment, vraiment spécial tu crois pas ? Je veux dire… même « le dieu qui fait des boules de feu avec son cul » ne lui plaît pas ? Bon c’est clairement bon. Le passage sur la baston – pour m’y être essayé – est particulièrement bien foutu vu la difficulté du truc. Je sais pas si ça a été facile pour toi, mais de mon côté j’ai vraiment du mal à créer une baston qui tient la route, sans exagération, mais je suppose que quand on maîtrise le comique de situation et qu’on s’y tient ça rend les choses plus faciles… Incroyable quand même : zéro fautes, des virgules parfaites, et le reste… troublant. Tu t’es fait chier dessus, ça se voit, je me sens moins seul (ma manière de te dire merci de pas prendre ton lecteur pour un con, même si c’est « juste » un forum littéraire.) « Accorte » : connaissais pas. Aaaah je savais que c’était trop beau pour être vrai ! Putain un moment j’ai cru trouver en toi un rival ^^ Les dialogues. Les foutus dialogues. Si comme moi t’as ton meilleur ami qu’est pas fichu d’écrire une ligne mais excelle dans la lecture et la critique, je suppose qu’avant moi il aura te les briser bien menues avec tes dialogues, non ? Ils sont archi nuls. Et ni l’humour basée sur le stéréotype exacerbé ni rien d’autre ne rattrape cela. Ils gâchent tout et nous sortent de notre mini transe fantasienne. Du coup t’as deux solutions : soit tu les vires (ce qui revient à s’amputer le bras gauche) soit comme pour tes combats par exemple tu les bosses avec tout ce que t’as, mais laisses-moi te dire pour avoir eu ce problème : quand on bloque sur quelque chose d’aussi particulier que les dialogues, il faut vraiment vraiment beaucoup de temps et une sorte de déclic pour finalement arriver à quelque chose. De mon côté, disons que mes dialogues sont passés du stade « ado morve au nez un tantinet révolté » (ton niveau) à celui de « potable moins ». Mon meilleur conseil pour ce point : ne fais pas dire par l’interlocuteur de ton héros ce que l’auteur veut dire à propos de ce héros. Heu… ne fait pas des persos secondaires des coquilles vides et omniscientes – pâles images de l’auteur lui-même qui, tel un dieu, se ramène dans l’histoire déguisés sous les haillons des persos secondaires pour apporter sa toute puissante et totalement débile science. Heu… merde tu vois où je veux en venir ? Dans les dialogues du chef des gardes, juste mets-toi dans sa peau à lui, et imagine ce que lui il pourrait dire : tu verras ça changera le flot et améliorera grandement le schmilblick. Ps (ouais un ps en milieu de page) : je fais des commentaires assez long d’habitude, mais putain jamais aussi longs, et jamais avec tant de compliments ! Je commence à me questionner sur ma santé mentale… et ce que je peux bien foutre de mon temps ^^ Le paragraphe juste après le dialogue est mauvais (peut-être un effet secondaire ?) ensuite ça reprend comme on aime. Paragraphe suivant y’a une virgule qui chie, je te laisse la trouver. Beaucoup d’imagination aussi, et comme le reste bien branlée. L’historie de l’anneau sens-d’araignée donne comme quelques autres éléments une sorte de part rationnelle dans tout ce délire et ancre l’histoire avec sérieux. Encore un bon point, et même une image. Puis tu reviens sur ma question : à savoir se choisir un dieu. En gros tu réponds aux attentes de ton lecteur. Tiens : voilà un bonbec à la menthe, pour te détendre de tant de compliments ^^ Paragraphe qui commence par « dans la salle principale » y’a un « celui » qui devrait être un « cela » (non, non, ne me remercie pas ^^) et encore une fois (dernière fois) : c’est vraiment bien pensé, à chaque situation son explication, sans perdre pour autant la nature du chevalier – il s’intéresse à la politique parce qu’il le faut, non pas parce qu’il aime ça, blablabalabalabla bien. Ligne suivante, on a « ne rien laisser au hasard ». Je croyais que le thème principal de ton truc (et auquel je suis dans l’attente de réponse) était la quête du hasard justement. Alors il s’est passé quoi ? tu t’es dégonflé ? ou ça fait partie du développement ? Le dialogue suivant, qui développe l’idée précédemment évoquée, est bon. Je commençais à croire que tu t’étais relâché sur la suite, faisant moins d’effort sur l’imagination et sur l’expression, mais non : t’as du vraiment vraiment bosser sur ce truc, et je suis content d’y être tombé dessus, car généralement les bonnes nouvelles passent inaperçues ici, et ce comm sera probablement le seul (à moins que j’en fasse la pub ^^) mais quel comm hein ? J’suis sûr que t’en reviens toujours pas ^^ Je me suis forcé à lire le passage du « mot » d’un trait. Pour voir si, quand l’auteur que tu es s’est décidé à aborder quelque chose d’à la fois profond et abstrait, pour voir si la compréhension du truc est aisée. Résultat : j’ai saisi une idée, un fragment, une impression d’éruption silencieuse, puis la chute de l’histoire, qui est la disparition prématurée d’un héros pourtant sur-travaillé, ce qui est vraiment chouette. Reste que je t’avoue que mon désir de connaître ce « mot », après cette lecture en un jet du truc, est pas vraiment haute. Je m’en tape pas mal en fait, et donc pour le moment j’aime pas trop ce « post scriptum » et ce qui vient avec. Pour l’instant je pense que ça aurait du s’arrêter juste avant. Dans le paragraphe suivant le « ps » y’a un « vol » qui devrait être un « vole ». Ce qui m’étonne le plus dans ton texte, c’est que je trouve qu’on est plus ou moins branché tous les deux sur la même fréquence (exemple : cette hantise de la médiocrité.) Et donc, ce qui est étonnant, c’est que tu aies choisi l’H-F pour évoquer ces sujets autrement plus modernes. J’en reste sur le cul, et ne peut que te dire une chose : t’es à point pour l’édition – balance ! Enfin je reste sur ma position : ton texte a une seconde fin superflue. Valait mieux s’arrêter avant. La principale raison ? C’est que comme tu le sais la nouvelle est le plus dur des genres, car il exige d’énormes sacrifices, ici, notamment, la suppression totale du ps et des citations. Eh ouais. Ce qui implique encore une chose compliqué à dealer with : la dernière citation – la seule que j’aie lu en entier – et qui conclue ton thème principal (ce qui reste la force ultime de ton texte, devant toutes ses autres qualités) eh bien si on la supprime, il faudra bien trouver une autre solution pour conclure ce point, et cette solution sera à trouver dans la narration. Hey merci à toi de m’avoir tant inspiré ^^ Oh j’allais presque oublier ! Change-moi cette putain de première phrase ! Tout ceci a failli ne jamais exister à cause d’elle !