Teasing pour ceux qui veulent aller vite : ce petit texte (magnifique) va vous faire découvrir, rire et pleurer. Et en cadeau, même s’il est sûr que cela en fera fuir certains, réfléchir 😉
Cela commence par sniffer en cachette de la colle (celle blanche, dans sa petite boite avec sa petite cuillère en plastique), ou des vapeurs d’essence en faisant le plein (moins poétique mais amusant dans les stations-services). Petite ivresse sans conséquence à faible dose, leur toxicité en cas de forte consommation est pourtant terrible. Ça colle entre vous ?
Continuons par des cas plus exotiques. Vous connaissez la chanson « Mellow Yellow » de Donovan ? La banane électrique. Cela a conduit au Banana Labeling Act pour que le prix des bananes, sans os dedans, soit suffisamment élevé pour que la récolte de poudre dans la peau des susdites bananes (qui contient la banadine, dérivé de la sérotonine) coute plus cher que le LSD adorée par Lucy du haut de ses nuages, des scarabées. Vive la période si créative des années 60-70 aux US ! Vous avez une banane dans l’oreille ? Il y a aussi la poudre de noix de muscade, aux effets psychédéliques et, cadeau bonus, aphrodisiaques. C’est top, selon Malcom X, mais à partir de 20 grammes les risques de mort subite deviennent énormes. Attention à casse-noisette.
Arrivons maintenant à l’actualité. 60 000 morts aux US, pas par arme à feu (pourtant elles circulent partout) ni par cancer (on commence à en guérir pas mal, ce qui est plutôt bien) ou par accident de la route (vive les transports en commun et les voitures autonomes). Non, par overdose à base d’opioïdes que l’on trouve facilement dans les produits antidouleur qui sont prescrits au tiers de la population américaine, avec effets addictifs garantis. Les rendre moins disponibles a aidé mais ceux qui ont voulu compenser en passant sur des circuits illégaux de façon à s’en procurer malgré tout (pour supporter leurs douleurs ou simplement continuer à se droguer) ont mal terminés.
Et chez nous ? La consommation de Purple Drank (pas que l’eau de pluie) fait planer en rendant euphorique, surtout les adolescents, malheureusement. Il suffit d’un peu de codéine (que l’on trouve dans certains sirops ou dans des comprimés) diluée dans un soda (à votre choix, avec ou sans menthe ou orgeat). Puis, un passage sur la toile vous permettra de trouver la recette miracle pour réaliser les mélanges les plus efficaces. Vous avez un bon pharmacien ?
Et alors ? Entre l’alcool, le tabac, le café, le cannabis, les jeux vidéo – et j’en passe, les drogues (dites non dures) deviennent de plus en plus courantes et contraignantes. On commence, pour voir ou faire comme les autres, puis on y prend plaisir et on veut recommencer et cela finit souvent mal. « Toujours plus haut, plus fort » semble être une devise qui s’applique assez bien dans ce cas. Il est si difficile de rester raisonnable alors que la folie est si tentante. Nous ne sommes pas égaux devant l’addiction.
Point plus positif, l’imagination humaine n’a décidément pas de limite dès qu’il s’agit de subvenir à des besoins primaires (et de faire de l’argent au passage). Il n’y a pas un endroit au monde où l’on ne fabrique pas de l’alcool pur à partir de quelque chose de disponible localement (poire, pomme de terre, agave, sorgho) : qui dit sucre, dit alcool potentiel ! C’est plus ou moins bon, mais l’effet est garanti. Sans parler des champignons (qui poussent si vite et que l’on peut moudre), de l’amour (si beau et si profond et que l’on peut donner).
D’une certaine façon – vision cynique du monde -, c’est un mal nécessaire. Il faut bien que l’adolescence* se passe, que les expériences permettent de grandir (tout ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort, disait Friedrich). Tant que la quantité de « pertes » reste assez faible et que cela ne touche pas quelqu’un de proche …
Bref … interdire (vive la prohibition) ou faciliter (vive les salles de shoot) ?
Intuitivement, je pense qu’il vaut mieux tolérer sans encourager, faciliter pour les cas qui le nécessitent sans donner envie, et surtout démolir les circuits de vente mafieux qui gangrènent la société.
Comme me l’a dit un jour un jeune de 16 ans de ce que l’on appelle la banlieue des cités : « c’est plus cool d’être dealer à 3 000 euros cash (sans impôt) par mois avec une belle BMW et des filles que d’aller à l’usine le matin à 8 heures. OK, je vais surement pas faire de vieux os, et alors ? Au moins je me serais amusé pendant mon passage sur terre ».
PS : ceci étant, on peut aussi être heureux sans drogue … heureusement !
PPS : et que dire de la dépression ? Une drogue du cerveau ?
Adolescence* : Il y a 3 adolescence qu’il faut vivre à fond, sinon la suite est plus « violente » (celle de l’Age du non vers 2 ans et demi, celle plus connue vers 13-15 ans et celle baptisée démon de midi vers 45 ans). La quatrième vers 75 ans est plus récente, cf. le vieillissement de la population.
Références (pour faire sérieux) :
https://www.streetpress.com/sujet/63767-7-manieres-de-se-defoncer-en-toute-legalite
http://www.lepoint.fr/monde/le-journal-de-trump/opioides-le-nouveau-fleau-qui-touche-les-etats-unis-30-06-2017-2139393_3241.php
http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/07/11/alerte-sur-le-detournement-des-medicaments-a-base-de-codeine-par-les-adolescents-et-jeunes-adultes_5158939_1651302.html