Voilà une initiative intéressante qui devrait permettre de lutter contre les eBook !
L’une des plus grandes librairies d’Europe vient de s’installer au cœur du Quartier latin, à Paris. Et pas n’importe quelle librairie : après dix-sept ans d’absence, les Presses unitaires de France (« PUF », pour les intimes) sont de retour. Exit la mythique boutique de la place de la Sorbonne, dans laquelle il fallait rivaliser d’ingéniosité pour glisser entre les rayonnages et se faufiler sur la mezzanine encombrée. À deux pas de l’ancienne enseigne, où des baskets américaines avaient damé le pion aux ouvrages savants, les PUF ont fait leur retour le 12 mars. Ils s’étendent désormais dans de rutilants locaux de… 72 mètres carrés. Pourtant, la librairie est riche de plus de trois millions de titres : les rayonnages se sont faits rares pour laisser la place aux clients afin qu’ils prennent un café ou surfent sur le Net.
Le secret pour faire tenir tant d’ouvrages dans un si petit espace : l’« Expresso Book Machine ». Une sorte de grosse imprimante qui fabrique instantanément le livre souhaité parmi un catalogue de quelque 5 000 références des PUF actuellement commercialisées, mais aussi, d’ici peu, tous les titres épuisés pour lesquels des PDF vont être créés. Sans compter les ouvrages des éditeurs partenaires, parmi lesquels HarperCollins ou Penguin.
Un clic : un livre, zéro stock
« L’objectif est d’avoir une librairie 100 % sans stock et de parvenir à un modèle quasi parfait d’un livre fabriqué pour un vendu, explique Alexandre Gaudefroy, chargé de mission pour les PUF. En tant qu’éditeur, il nous est facile d’exploiter le catalogue. » Un avantage que n’ont pas les librairies traditionnelles : voilà pourquoi la machine n’a pas été jusqu’à présent utilisée en Europe, alors qu’elle existe depuis une dizaine d’années. « Pourquoi un éditeur accepterait-il de confier son catalogue PDF à toutes les librairies ? Il perdrait son fonds de commerce ! » note Alexandre Gaudefroy. En effet, pour qu’un livre puisse être imprimé, qu’il soit épuisé ou non, il suffit que sa version PDF ait été générée par l’éditeur. Et si le nombre de pages est compris entre 46 et 850, nous ne sommes plus qu’à un « clic » de notre ouvrage.
Pour 130 pages, il faut compter 5 minutes et 25 secondes exactement pour voir son livre sortir tout chaud de la machine. Le temps de s’installer sur un canapé pour prendre un petit café (à 1,50 euro dans ce quartier, les étudiants apprécieront) en consultant l’un des 1 400 livres « réels » de cette librairie atypique ou en surfant sur Internet. Finalement, le résultat est très correct : seule la couverture, vernie mais non pelliculée, a un aspect légèrement différent de celle obtenue avec une impression originale. Le livre imprimé sur la machine est au même prix que celui « offset » – loi « Lang » sur le prix unique du livre oblige –, mais on peut y insérer une dédicace personnalisée, script ou manuscrite. Un gadget qui rendra peut-être un peu moins austères les livres pointus édités par les PUF.
cf. http://www.lepoint.fr/culture/puf-la-petite-librairie-aux-3-millions-de-titres-19-03-2016-2026563_3.php