Depuis tout petit j’avais bien vu que les machines bien programmées et suffisamment puissantes pouvaient jouer aux échecs. Il suffit de prévoir à 5 ou 6 coups d’avance avec un bon algorithme, et d’entrer une 50 de débuts de partie standard et une autre 50 de fins de partie classique. En février 1997, le champion d’échec Garry Kasparov concédait la première défaite humaine face à une machine.
Mais, je répondais à chaque fois : avec le GO ce n’est pas pareil. Possibilités presque infinies, trois niveaux de jeux (stratégie, tactique, pratique), .. bref, les programmateurs n’arriveront pas à faire un logiciel qui pourra faire mieux que l’homme !
et bien si …
Nous avons assisté à la première victoire d’une intelligence artificielle contre un joueur de go professionnel. L’algorithme AlphaGo, créé par l’entreprise Google DeepMind (ils sont partout …), a battu à plate couture l’actuel champion européen Fan Hui, en octobre 2015 à Londres.
«Les règles sont très simples» mais il s’agit «probablement du jeu le plus complexe inventé par l’Homme», a souligné Demis Hassabis, cofondateur et directeur exécutif de DeepMind, lors d’un point de presse organisé par Nature. Et pour cause, le nombre de combinaisons est estimé à 10 puissance 170 contre 10 puissance 120 pour les échecs, selon Le Monde.
Fan Hui a perdu les parties normales 5 à 0 et les parties rapides 3 à 2. Il confie au Monde se sentir «honteux» et assure que AlphaGo «joue comme un humain». Il explique la principale qualité de son adversaire un peu particulier : «Nous, les humains, nous avons beaucoup d’expérience, mais beaucoup de défauts aussi : on stresse, on n’est pas toujours stables. Le programme n’a pas ce défaut psychologique.» La machine doit encore se mesurer en mars à Séoul au meilleur joueur mondial, le Sud-Coréen Lee Sedol, âgé de 32 ans.
Après la voiture intelligente, le programme de go génial … il ne reste plus qu’à aller faire un café (avec mon idiote de cafetière, mais bien pratique quand même !)
Allez bonne journée et continuez à être humain (amour, rire, faire des bêtises, manger du chocolat, … )
Mais alors face à l’Intelligence Artificielle, que reste-t-il à l’Humain ?
Je crois qu’il y a une chose fondamentale, une étape clef dont on ne voit pas encore poindre le bout de la queue. Les programmeurs de génies de DeepMind ont réfléchi, essayé, faits des erreurs, bu des litres de café et j’imagine que cent fois ils se sont dit qu’ils n’y arriveraient jamais. Mais ils avaient cette envie, ce défi, une vision, un rêve. AlphaGo rêve-t-il ?
Non bien sûr. AlphaGo et ses ‘congénères’ de l’IA n’ont aucun rêve. Ils ne savent même pas qu’ils existent et que tout un monde s’agite autour d’eux. AlphaGo est un algorithme esclave de ses concepteurs. AlphaGo n’est pas une entité autonome ni créative. AlphaGo ne fera jamais rien d’autres que d’exécuter la merveille algorithmique dictée par ses concepteurs. AlphaGo n’est pas génial, ce sont ses concepteurs qui le sont.
Pour ce qu’elle a pu produire jusqu’à aujourd’hui, l’IA devrait être le sigle d’Imitation Artificielle. Je ne crois pas que l’intelligence puisse être une faculté désincarnée. Elle est le fruit de centaines de millions d’années d’ingénierie naturelle et s’est épanouie dans cette machine biologique parfaitement intégrée qu’est l’être humain. Tenter de la reproduire indépendamment des centaines de facultés physiques, perceptives et psychologiques qu’elle mobilise chez l’être humain me semble illusoire. Et ce que nous prenons pour des faiblesses ou des limites humaines ; les émotions, le doute, l’erreur, sont tout aussi nécessaires à l’intelligence que les capacités logiques à classer, formaliser, comparer.
Je crois qu’il y a un verrou à faire sauter; la croyance que nos facultés intellectuelles sont indépendantes de notre animalité. Le prix à payer sera de renoncer à notre sentiment de supériorité vis-à-vis des autres formes de vie. Mais je ne suis pas inquiet, un jour viendra et je nous fais confiance pour trouver alors d’autres raisons de nous imaginer supérieurs 🙂
Vincent
Bonsoir
merci pour ce commentaire
et tout à fait d’accord : une intelligence sans émotions ni sens (dans toutes les acceptations du terme) n’est qu’une machine. Et la théorie du second cerveau dans le ventre en ligne directe sur le reptilien va bien dans cette logique …
A quand la machine amoureuse ?.